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Nous sommes chanceux : tout enseignant qui veut exploiter les TIC dans sa classe peut se débrouiller, la plupart du temps, avec des ressources, des applications ou des logiciels gratuits. Assistez à une formation : on vous fera des recommandations d’outils qui ne coutent rien. Lisez les discussions pédagogiques liées aux TIC sur Facebook ou sur Twitter : il y a toujours quelqu’un qui connait une alternative sans frais pour répondre à un besoin!
Pour tester ces outils numériques, c’est pratiquement toujours la même chose : on donne son adresse courriel, on choisit un mot de passe puis on inscrit ses élèves. D’un côté, les enseignants ont un accès rapide, facile et gratuit à des ressources qu’ils peuvent explorer. De l’autre côté, les développeurs se constituent une base d’usagers qui pourra les aider à aller chercher du financement. Tout le monde est gagnant!
Mais est-ce vraiment le cas?
Étant moi-même convaincu de l’importance de l’innovation pédagogique et de l’intégration des TIC en milieu scolaire, j’ai exploré plusieurs logiciels gratuits. Mon but n’est donc pas de vous décourager de le faire. Je souhaite plutôt que, parmi tous les logiciels gratuits dont vous ferez l’essai, certains mériteront l’acquisition d’une licence. Voici donc, en résumé, les principaux modèles d’affaires du « gratuit », et aussi les types de licences du « payant ».
Pourquoi acheter un logiciel alors qu’il existe une panoplie d’applications et de sites Web gratuits? Pensez à toutes ces fois où vous avez vous-même renoncé à l’idée d’acheter une application mobile parce qu’elle coutait ne serait-ce que 2 $.
De nombreux développeurs de logiciels savent très bien que les gens ne voudront pas payer pour leur produit sans l’avoir essayé un peu. Ils proposent donc une version gratuite. Vous l’aimez? Achetez la version complète qui vous donnera accès à plusieurs autres options. C’est ce qu’on appelle une stratégie « freemium » dans le jargon marketing.
Enseignant :
Un enseignant se contentera la plupart du temps de la version gratuite. Après tout, se débrouiller avec des ressources limitées est une compétence que tout enseignant apprend très vite à maitriser… |
Développeur :
Comment une entreprise peut-elle être rentable si elle offre gratuitement son logiciel? |
Voici quatre modèles d’affaires permettant aux entreprises d’offrir des produits gratuits. Dépendamment du modèle, vous verrez que les avantages et les inconvénients peuvent avoir un impact significatif dans votre prise de décision technopédagogique.
Imaginez l’entrepreneur indépendant qui crée une application dans son sous-sol. S’il part de zéro, où trouve-t-il les fonds pour démarrer son entreprise? L’une des méthodes les plus utilisées est le « bootstrapping » : l’entrepreneur utilise son propre argent et tente de trouver les moyens de décoller par lui-même. Cette expression anglaise dépeint un individu pris dans un marécage et qui tente de s’en sortir seul en tirant sur ses bottes.
Ces entrepreneurs écoutent attentivement leur clientèle puisque leur but est de bâtir la plus grande base d’utilisateurs possible. S’ils réussissent, il sera plus facile de trouver d’autres sources de financement par la suite et ainsi sécuriser leur survie à moyen terme. Parmi les entreprises qui démarrent de la sorte, très peu survivent.
Si vous utilisez gratuitement un logiciel créé par une « startup », considérez que sa survie dépend vraisemblablement d’un changement dans son modèle d’affaires, ce qui se traduira invariablement par la modification de son offre. Cela sera-t-il avantageux pour vous? Impossible de le savoir à court terme.
Le capital de risque, c’est une somme d’argent investie dans une compagnie qui n’a pas encore atteint son seuil de rentabilité. L’entrepreneur doit convaincre ses investisseurs qu’un pourcentage de sa clientèle acceptera de payer pour une version plus perfectionnée du produit, ce qui permettra de rembourser l’argent investi (avec large bénéfice, bien sûr).
Vous l’aurez deviné, les entreprises qui bénéficient d’un capital de risque ont des comptes à rendre aux investisseurs. Ces derniers veulent un retour important sur leur investissement dans un délai qu’ils déterminent.
Mais alors, qui paiera pour le produit? Les enseignants? Ils se débrouillent déjà avec la version gratuite! Les commissions scolaires? Elles n’ont pas le budget. Les parents? Bonne chance! Et puisque qu’il s’agit du marché de l’éducation, pas question de financer par la publicité.
Il reste deux options :
1- Refiler la facture aux entreprises qui l’utilisent. Cependant, le produit risque de se développer en fonction des besoins de celles-ci plutôt que de ceux du milieu scolaire. Logiquement, le développeur sera à l’écoute des clients qui paient.
2- Vendre les données des utilisateurs. Un adage des spécialistes du web dit que si vous ne payez pas, vous êtes le produit!
Quelques sites Web voués à l’éducation trouvent du financement par l’entremise de fondations et d’organismes philanthropiques. C’est le cas de la Khan Academy. Le site est 100 % gratuit et se consacre entièrement à l’éducation. Son financement repose sur plusieurs organismes philanthropiques. Les contraintes d’une entreprise financée de la sorte sont de se conformer aux stricts critères émis par la fondation, livrer la marchandise dans un délai donné et posséder un plan d’affaires qui assurera sa pérennité une fois le capital du don épuisé.
C’est une excellente option que de se tourner vers ce type de service. Le seul hic : très peu sont offerts en français.
Les logiciels libres, ou open source, sont développés par des communautés d’usagers qui désirent répondre à certains besoins. Un logiciel libre signifie que le code utilisé pour le programmer est accessible à tous et peut être modifié par quiconque.
Pour illustrer l’exemple, imaginons un agenda électronique libre qui produit un horaire sur des cycles de 9 jours. Un enseignant aguerri en programmation pourrait le traficoter et lui faire faire des cycles de 15 jours pour le rendre compatible à la réalité de son école.
Ces logiciels ne sont pas liés à des contraintes budgétaires ni à des attentes de la part d’investisseurs. Cependant, ils prennent du temps à développer et il faut s’assurer qu’ils fonctionnent bien. Mieux vaut les faire tester par un technicien en informatique avant toute chose. Les bons logiciels libres représentent souvent la solution préconisée par les experts en informatique qui doivent composer avec peu de moyens.
Pour du support technique, c’est plus compliqué car il n’y a pas de centre de dépannage. Il faut alors se référer aux forums d’utilisateurs pour trouver solution aux différents problèmes.
Avec toutes les ressources gratuites disponibles, il est difficile de justifier l’achat d’une licence pour un produit numérique. Toutefois, refuser systématiquement de payer pour des logiciels nuit à l’essor de ceux-ci. S’il n’y a pas d’intérêt pour les entreprises à percer le marché de l’éducation, celles-ci se tourneront vers d’autres marchés et délaisseront nos besoins particuliers.
Vous avez un coup de cœur TIC pour une application payante? Comment convaincre les décideurs de l’acheter? Tout d’abord, il faudrait regarder de plus près les différents types de licences.
C’est souvent la plus couteuse car elle permet à toute l’organisation de profiter du logiciel. Parfois, la licence école est un prix fixe qui donne un grand nombre de licences; d’autres fois, le prix demandé est calculé selon le nombre total d’élèves
Un conseiller pédagogique qui souhaite faire acheter un outil à toute une école devra avoir de bons arguments et laisser présager que la plupart des enseignants finiront par se servir de cet outil. Sinon, pourquoi payer des milliers de dollars pour un logiciel dont le taux d’utilisation n’est pas certain?
Exemples de ressources éducatives offrant cette option : ChallengeU, Curio.ca, SCOOP!, eduMedia
Cette licence est simple : un utilisateur, une licence. Puisqu’on peut exclure les élèves, ou l’offrir à un seul niveau par exemple, la facture peut facilement être réduite.
On peut, par exemple, convaincre la direction d’acheter un petit nombre de licences (seulement pour vous et vos élèves) pour en faire un essai préliminaire. Pour un directeur, acheter 30 licences à 5 $ chacune avec l’assurance que l’enseignant en fera bon usage est plus facile à justifier que l’achat d’un logiciel en licence école.
Exemples : les applications payantes du AppStore (Apple) ou du Play Store (Androïd), les logiciels pour ordinateur de bureau (Comic Life, Antidote, Minecraft) et la majorité des manuels numériques adoptent cette approche.
Certains produits sont vendus à un prix fixe par enseignant et celui-ci peut ensuite inviter tous ses élèves à rejoindre un groupe qu’il crée. Ce type de licence ne demande pas aux élèves de payer.
Encore une fois, c’est fort intéressant pour la direction puisqu’elle peut acheter une seule licence et en faire profiter de nombreux élèves.
Exemples : Classcraft, NearPod, etc.
Voici quelques considérations importantes lorsqu’on opte pour un logiciel gratuit accessible en ligne.
Comme nous l’avons vu précédemment, tous les produits, mis à part ceux sous l’égide de fondations caritatives ou de logiciels libres de droit, doivent éventuellement devenir rentables pour que leurs développeurs puissent maintenir leur activité. Nous avons vu aussi les façons dont un développeur peut atteindre son seuil de rentabilité. La première option était de faire payer ses utilisateurs.
La deuxième option consiste à encaisser des revenus publicitaires. Utilisateurs d’iPad en classe, est-ce que les applications gratuites que vous faites utiliser à vos élèves contiennent de la publicité? Est-ce conforme aux politiques de votre école?
Lorsque vous vous créez un compte pour utiliser un logiciel, vos informations sont stockées dans une base de données que le développeur pourrait éventuellement vendre à une autre entreprise intéressée. Par exemple, Microsoft a acheté LinkedIn pour 26,6 milliards de dollars en juin 2016. Ce prix astronomique ne représente pas la valeur de la plateforme, mais bien celle de la base de données!
Comme nous en avons discuté plus haut, les « startups » sont fragiles et peu survivent. Un développeur peut être contraint de fermer boutique s’il ne trouve pas d’investisseurs ou s’il n’atteint pas les objectifs déterminés par ceux-ci.
Vous vous rappelez le passage où je mentionnais que les développeurs sont davantage à l’écoute des clients qui paient? Si ceux-ci réclament certaines modifications qui vont à l’encontre de vos besoins, le développeur ira bien sûr dans leur sens.
Connaissez-vous des enseignants normalement constitués qui prennent le temps de lire méticuleusement toutes les conditions d’utilisation de tous les logiciels gratuits dont ils font l’essai? Si vous exigez à vos élèves qu’ils se créent un compte pour une application Web et que votre institution n’a aucune connaissance des conditions d’utilisation (que l’on appelle « End User Licence Agreement », ou EULA pour les intimes), il pourrait y avoir des répercussions légales. J’admets que les risques de pépins de la sorte sont très faibles, mais c’est ultimement la direction qui doit décider si le risque est acceptable ou non.
La plupart des EULA spécifient également que tout ce qui est produit avec le logiciel appartient au développeur, et non à l’utilisateur. Évidemment, les droits de propriété intellectuelle d’un PowerPoint fait par un enfant du 2e cycle ne seront pas des questions de litige devant les tribunaux!
Maintenant que vous en savez un peu plus sur les logiciels gratuits, ceux qui les produisent et leurs intérêts, vous serez mieux outillés et critiques lorsqu’on vous présentera une nouvelle plateforme.
De plus, vous pourrez mieux guider votre institution dans ses choix numériques et aurez les arguments nécessaires lorsque viendra le temps de présenter une demande d’achat pour un logiciel.